Le ski en Corse

Au cœur de la montagne corse, la petite station du Haut Asco s’étire de 1460 à 1800m et revoit lentement le jour après des années d’absence sur la scène hivernale locale. Une réouverture attendue chaque année de pieds fermes par tous les skieurs de la Haute Corse.
Petit état des lieux : en 1991, un catastrophique glissement de terrain entraîne de violents dégâts des eaux sur les installations datant déjà des années 1960. Nécessitant des travaux de réhabilitation titanesques, il faut attendre 2016 pour la réouverture inespérée du domaine skiable rendue possible par divers financement (fond européen à 50%, puis partagés entre le village, la Collectivité Territoriale de la Corse et enfin de la France). Un écomusée s’est installé dans un ancien bâtiment à l’abandon de 250m2 et invite le visiteur à la découverte du patrimoine culturel et naturel. Aujourd’hui, des canons à neige (de 20.000€ chacun et installés avant les recommandations du PADDUC) assurent une couverture neigeuse minimale nécessaire qui permet de maintenir l’activité, surtout sur la piste dédiée aux débutants. Cela permet également de soutenir une vie active dans le village de Asco qui a plutôt tendance à se dépeupler. Haut Asco est également la seule station à proposer un hébergement hôtelier (en projet de modernisation et d’agrandissement) directement sur les pistes. De charmants chalets proposent d’accueillir, été comme hiver, les vacanciers : une escale fraîche aux pieds des massifs du Cintu à considérer si vous avez quelques jours avant ou après votre séjour au Domaine Villas Mandarine. Aujourd’hui la station a même ouvert une école de ski et propose diverses activités en dehors de l’activité phare comme des randonnées en raquettes et même une nocturne à la frontale avec dîner aux saveurs locales pour se réchauffer. Ou encore un circuit de tir avec raquettes et carabine laser, un peu comme un biathlon, avec le concours de la société voisine In Terra Corsa basée à Ponte Leccia. Aux pieds du Monte Cinto, la station voit également passer les randonneurs du GR20.
De Calvi, un départ aux aurores permet sans difficulté de faire les 2h de route vers la station du Haut Asco, skier quelques heures, déjeuner en terrasse au soleil puis redescendre en Balagne et voir la mer.

Dominant la vallée du Niolu et dans le cadre enchanteur de la forêt de Valdoniello, la station de ski de Vergio (Verghju en corse), la plus ancienne, était comme un havre de paix, déposée au milieu des pins laricio. Elle accueillait jusqu’à 2.000 skieurs chaque week end. Une conjugaison au passé, car depuis 1963, date de la création de la station par Jeannot Luciani, en même temps que l’hôtel restaurant du Castel, les équipements n’ayant pas évolué, coûtant chers à entretenir et à remettre aux normes ont donc été abandonnés puis retirés en 2007. Aujourd’hui la station a retrouvé un essor avec l’installation de pistes de descente à vélos. Et récemment, la ligue Montagne Corse de la Fédération Française de Montagne et d’Escalade organisait les Hivernales, un week-end entièrement gratuit et orienté sur l’initiation à la pratique des sports de montagne hivernaux : sorties en raquettes, ski de fond et de randonnée, balade avec chiens de traîneaux, construction d’igloo, alpinisme, secours en montagne et initiation à la météorologie. Et la station de Vergio s’y prête bien de par sa situation exceptionnelle ainsi que par la présence d’infrastructures adaptées à l’accueil du public (hébergement, restauration, locaux techniques et champs de neige déjà aménagés). Là encore, le col de Vergio est l’une des étapes du GR20 et le village continue de vivre grâce aux randonneurs qui la traverse.
Une fenêtre sur l’avenir : les petits enfants du créateur originelle de la station ont décidé de reprendre les rênes et envisagent, sous réserve de financements possibles, de réhabiliter les équipements et recréer un dynamisme au sein de cette belle station. Une aubaine pour tous les corses, située à mi-chemin entre Calvi et Ajaccio, à la limite des deux départements.

En Haute Corse, au pied du Monte Renosu (3ème plus haut sommet corse), qui culmine à 2352m, le champ de neige se situe encore à 17km du village en direction du col de Verde. A 1586m d’altitude, le domaine skiable de la station s’étale jusqu’au sommet du téléski de Capaghjolu à 1870m où il n’est pas rare de trouver jusqu’à 1m de neige. 6 pistes, 3 vertes, 2 bleues et 1 rouge desservies par 3 téléskis, le domaine compte près de 3 km de descente, un espace luge, un restaurant et un magasin de location du matériel. Le trajet est long mais les week-ends de grande affluence voient plus de 500 skieurs chausser les skis : on croise des locaux bien sûr (Bastia, plaine orientale et clientèle de Porto Vecchio) mais aussi des italiens et même des autrichiens. L’équipement du site en station ludique date de 1974 avec le projet d’aménager complètement le massif permettant de rejoindre les crêtes et le lac de Bastani à plus de 2100m d’altitude. Aujourd’hui, on se heurte à une frilosité des élus à investir dans des équipements lourds et chers face à une météo aléatoire qui font des saisons de plus en plus courtes. La station a pris la décision de ne pas utiliser de canons à neige, interdits par le Plan Montagne du PADDUC, qui ont des impacts négatifs sur l’environnement en termes de consommation d’eau et d’énergie. E Capanelle du lieudit des bergeries est, là encore, une des étapes du GR20.

 La plus éloignée pour nous balanins, « la station des ajacciens » en Corse du sud est nichée sur le plateau d’Ese, entre les vallées de Prunelli et celle du Taravo et aux pieds du Monte Giovanni. Pour monter, on emprunte la route à flanc de roche de Bastelica, au milieu des châtaigneraies et il n’est pas rare de voir des porcs le long des routes. (Fun fact : la voiture de Google Street Maps est passée au moment opportun où des porcs marchaient sur la route à ce même niveau). A 4h30 de Calvi, il est fréquent de partir la veille pour dormir à Ajaccio ou Bastelica pour attaquer les pistes dès le matin. Le domaine skiable, qui emploie en pleine saison une vingtaine de personne, s’étire sur près de 20ha entre 1620m et 1825m avec une vue imprenable sur la mer et le golfe d’Ajaccio depuis le haut des pistes. Les infrastructures et les premiers téléskis ont été installés à partir de 1976. Vertes, bleues et rouges sont desservies par 4 téléskis. Selon l’enneigement, les deux versants sont ouverts, ce qui permet de passer d’une façade à une autre. Le versant sud étant malheureusement le plus aménagé, la neige est la moins tenace. Restauration sur place avec l’inévitable sandwich au figatellu, pour le côté nustrale, et là encore, un magasin pour la location du matériel. Le reste de l’année, c’est le lieu de transhumance des cochons, vaches et moutons et on trouve de très bons producteurs de fromage après quelques heures de randonnée. Également un lieu idéal à l’automne pour ramasser des champignons ! Le lieu est aussi connu pour ses pozzines et pour son sentier qui rejoint le GR20 par le col de Verde. Un enthousiasme pour cette petite station proche du pôle d’Ajaccio, accessible en seulement 1 heure de voiture.

Pour les plus expérimentés, il existe l’Alta Strada, la « haute route » corse qui traverse l’île du sud au nord, réputée technique pour le ski de randonnée dans un cadre sauvage. Cela vous rappelle une autre route ? Normal, elle suit le parcours de la célèbre randonnée GR20. En raid itinérant d’une semaine et encadré par un guide de haute montagne, le tracé emprunte des variantes de manière à privilégier les plaisirs de la glisse. Technique en été, le manteau blanc demande une connaissance tout aussi confirmée du ski de montagne : piolets, crampons, cordes, peaux de phoques et une bonne endurance sont nécessaires pour profiter des panoramas à couper le souffle. La météo capricieuse, des étapes parfois longues et un confort sommaire dans les refuges attirent cependant des centaines de sportifs chaque année.

La Corse comprend également des pistes de ski nordique, aussi appelé ski de fond et il n’est pas rare que les jeunes écoliers corses partent en classe de neige à domicile, dans l’une d’elles.
Evisa, à 75km d’Ajaccio en direction du nord et du col de Vergio, était l’un de ces grands foyers de ski de fond. Les capacités d’hébergement, tant de la maison forestière qu’au village d’Evisa et la dense forêt d’Aïtone permettaient un excellent terrain de jeu. Un texte au passé car depuis une vingtaine d’année, le site est à l’abandon bien que les élus locaux réclament des aides pour la réhabilitation du site pour l’accueil du public et en faire un haut lieu du tourisme de plein air en Corse. En effet, le site est idéal, on se ballade entre châtaigniers millénaires, des hêtres et les majestueux pins laricio, au cœur des essences emblématiques de la nature corse. En été, la fraîcheur est garantie par les piscines naturelles creusées par la Spelunca dans le granit, et à la croisée des sentiers, vous croiserez peut-être vaches et cochons sauvages. Au village, ne passez pas à côté de la découverte des marrons glacés d’Evisa, haut lieu de la culture de la châtaigne.

D’autres villages comme Quenza ont aménagé un foyer de ski et propose plusieurs pistes de ski de fond pour différents niveaux.

Malgré une inertie de nombreux élus départementaux et régionaux, des initiatives çà et là promeuvent la filière montagne et aident à pérenniser une véritable économie pour notre intérieur qui a pourtant tendance à se dépeupler au profit du tourisme balnéaire. En 2015, le PADDUC (Plan d’Aménagement de Développement Durable de la Corse) adopte un Plan Montagne avec le souhait de réaménager et redynamiser d’anciens domaines skiables, à condition qu’ils ne nécessitent pas l’utilisation de méthodes artificielles de fabrication de neige. Et de lancer une réflexion globale sur l’élargissement de l’offre vers des sports nécessitant des investissements doux comme les raquettes ou le vélo. Des solutions de secours qui n’ont encore pas trouvé d’investisseurs pour les développer. A suivre donc !
D’ici là, on vous invite à jeter un coup d’œil sur les webcams des stations corses pour vous donner un avant-goût !